C'est un projet ambitieux qui consiste à greffer un récit fantastique horrifique à un épisode atroce de l'histoire du XXe siècle. En l'espèce, un conte de fées transbahuté dans l'Espagne de l'immédiat après-guerre civile (1944). Ofélia est une petite fille d'une dizaine d'années contrainte de suivre sa mère enceinte auprès de son nouveau beau-père, Vidal, capitaine de l'armée franquiste. La voilà dans un gros manoir rustique perdu dans la montagne, où Vidal et ses sbires traquent les derniers maquisards républicains. Mais Ofélia va surtout découvrir que les sous-bois alentour sont peuplés par d'étranges créatures et un labyrinthe de pierre où, bientôt, le géant Pan, gardien des lieux, va lui ouvrir les portes d'un nouveau royaume, la clef des songes.
Ayant aussi nettement mis en parallèle le monde des vivants et celui des enchantements, le film oblige à voir double. D'une part, le réel de l'Espagne franquiste en train de mettre en place sa dictature grise ; d'autre part, une autre sorte de réalité rendue tout aussi prégnante par l'exhibition de quelques scènes spectaculaire : escargot géant et archi baveur, escadrille de fées libellules et surtout, notre préféré, le «Pale Man», sorte de Saturne dévorant ses enfants descendus du tableau de Goya. Au département «c'est magique», la divagation à la marge de Lewis Caroll fait très bien son boulot.
A la croisée des deux mondes, le film pose avec délicatesse la question des monstres. Et choisit son parti puisque les épreuves fomentée