La gueule que tu mérites (A Cara que Mereces) est une lueur malade au fond de ses propres bois, une chaleur remuant un certain je-ne-sais-quoi dans la mémoire du spectateur (enfance, cinéma), le genre de film qui vous tombe sur la tête ou des bras , selon le tempérament. La critique en son pays l'a appelé tantôt «l'une des plus belles étoiles» ou alors «la honte» du cinéma portugais, mais disons, pour raccourcir, que les allergiques au Rivette de Céline et Julie risquent l'oedème très compliqué.
Né à 18 heures. Un cow-boy en ville et en Technicolor rencontre une fée sous la pluie, chantant la fin de la jeunesse et des Sex Pistols. C'est Francisco qui fête ses 30 ans et, comme le dit l'accroche du film, «jusqu'à 30 ans, tu as la gueule que Dieu t'a donnée, après, tu as la gueule que tu mérites.» Il est instituteur et né à 18 heures, ce qu'il ne cesse de répéter à sa copine, laquelle préfère s'occuper de la kermesse de l'école. A ce stade, on est déjà enchanté et enfermé dans un théâtre de poche en plans-séquences, assis derrière des rideaux de bolduc. On y représente l'histoire de Blanche-Neige avec les élèves et ça tombe bien parce que la suite du film repose une question inventée par Walser et cinématographiée par Monteiro : que faisait Blanche-Neige pendant qu'elle était morte ? Francisco, lui, s'écroule un certain nombre de fois (accident, évanouissement), se fait décapiter par le cadre, est le rival malheureux d'un Zorro de 13 ans, joue de l'ukulélé, puis disparaît dan