Pour parler de Godard, de JLG, il n'y a que de mauvais prétextes et de bonnes occasions. Une exposition exposée dans son explosion. Une assourdissante absence de Cannes. Un hors série des Inrocks. Pourquoi celui-là plutôt qu'un autre, plutôt que n'importe lequel des documents péri-godardiens qui pleuvent avec constance ? Peut-être parce que c'est celui qui affirme le moins, qui laisse à son objet la marge et la distance que nous entretenons tous avec lui, par la force des choses.
Moins on affirme, plus on rend les choses problématiques et c'est exactement le meilleur service à rendre à JLG et à son oeuvre. Sous la une qui ressemble à la couverture bien vue d'un vieux Life magazine, les cent pages (dont un quart d'entretiens), cependant, ne cernent rien. Elles évoquent, au mieux, les premières dimensions d'un problème immense, d'autant plus complexe qu'encore vif et actif.
Le cas de Godard dépasse déjà, et de très loin, ceux de nos meilleurs ou plus célèbres cinéastes. Qu'on les juge supérieurs ou pas, les mythes de Renoir ou, en cours de constitution, celui de Pialat n'ont rien de commun, malgré leur influence esthétique sans doute plus forte, leur aura plus flatteuse, avec celui de Godard, dont l'impact historique déborde à la fois l'homme et les films. A son corps défendant, sans doute, JLG est voué à cette sorte de hors-jeu épistémologique. Non seulement on lui attribue la faille de la modernité, mais on en fait l'incarnation : quels que soient ses films et ses propos, Goda