Bled number one, le second film de Rabah Ameur-Zaïmeche après Wesh wesh, a été l'un des chocs cannois lors de sa présentation dans la sélection Un certain regard (Libération du 20 mai). Comme un rêve, le film condense plusieurs temporalités et relate de multiples histoires : à la fois construit sur l'urgence de capter une réalité contemporaine le retour dans sa terre natale de Kamel, expulsé de France après un séjour en prison et donnant un sentiment d'intemporalité, lié à la manière dont sont regardés la terre, la lumière, certains rites. Kamel, l'homme au bob orange, personnage égaré à l'ironie légère, joué par le cinéaste lui-même, semble revenir d'une longue odyssée, dont on ne saura rien. Très vite, son destin d'exilé se mêle à celui de Louisa (formidable et imposante Meriem Serbah), autre migrante en son propre pays, qui déboule avec son fils, au bled. «Elle ne sait rien faire, elle ne sait pas faire la vaisselle», dit sa mère, qui lui conseille de retourner chez son mari. Le film se décentre pour suivre la quête de Louisa, affranchie et dérangeante, à la recherche de son fils bientôt enlevé par le père, et qui retrouvera la raison et le goût de chanter dans l'hôpital psychiatrique de Constantine. Les nombreux personnages se renvoient la violence comme un frisbee en feu.
Les acteurs Meriem Serbah et Abel Jafri ont vécu de l'intérieur ce tournage intense dans une Algérie tellurique et méconnue.
Comment êtes-vous devenus comédiens ?
Abel Jafri. Je n'avais pas l'ombre d'