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Libération
Critique

Onedotzero, galerie de l'évolution

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A Londres, un bouillonnant laboratoire d'images hybrides.
publié le 7 juin 2006 à 21h43

Ils courent à perdre haleine, hagards, tentant d'échapper à un phénomène effrayant qui déferle sur eux à toute vitesse, un tsunami graphique qui les submerge, un paysage virtuel qui infeste le paysage réel. L'Apocalypse, selon Richard Fenwick, traitée dans une esthétique léchée, est une vision post-XXe siècle où la menace qui plane sur l'humanité n'est pas tant une explosion atomique qu'une virtualisation accélérée du réel : «C'est un commentaire sur l'érosion du réel, due à l'invention d'environnements de plus en plus nombreux, conçus pour vous en extraire.» Artificial Worlds 3.0, le nouveau film du réalisateur britannique (1), s'inscrit dans sa série RND, qui interroge les effets de la technologie sur l'humanité. Fenwick, détournant le langage visuel de l'ordinateur, des jeux vidéos ou des mondes virtuels, met en scène l'hystérie de la communication et pointe avec un humour grinçant ses absurdités.

Défricheur. Fenwick est l'un des chouchous du festival londonien, qui lui consacre en ce moment une rétrospective de 22 de ses courts métrages. Cette année, le laboratoire de l'«image en mouvement» fête ses dix ans. Depuis 1996, Onedotzero défriche les images mutantes, au croisement du graphisme, de l'animation, de l'illustration, du clip vidéo, du jeu, de l'architecture, de la mode, de l'art et du commerce. «Quand on a commencé, il n'y avait rien de ce genre, il nous a fallu éduquer le public, inciter les créateurs à se lancer en produisant des artistes qui ne faisaient pas de f