Il y a tellement d'images fortes dans le livre que Jean-Baptiste Thoret vient de consacrer au cinéma américain des années 70 que l'on a envie, avant d'en commencer l'éloge, de décrire une scène qui n'a jamais été tournée. Un de ces moments qui suinte l'époque. En 1969, Gram Parsons, archange du country rock, qui, à 21 ans, a déjà participé à la BO de The Trip, le film de Roger Corman, et initié les Byrds à la musique de Nashville, désire s'acheter un nouveau costume de scène. Pour cela, il va se rendre chez Nudies Rodeo Tailors. Là où venait se faire tailler un costard Hank Williams, le symbole yodélant d'une Amérique hantée (à 29 ans, Williams était une épave qui se chiait dessus). Parsons veut ce même atroce chamarré que portait Williams dans les années 40 mais, pour remplacer les doubles croches qui lui servaient de motif, il choisit une feuille de marijuana et des femmes nues. Révérence et insolence, hommage et sacrilège : tout l'esprit de la contre-culture américaine des seventies se retrouve là.
Dernière frontière. Peu importe si cette anecdote concerne un musicien et non un cinéaste (on pourrait imaginer la même chose entre Monte Hellmann et la chemisette de John Ford), elle n'est pas pour autant hors sujet, tellement toute cette période bénie de l'histoire du cinéma se positionna à la croisée des chemins du rock, de la littérature, du journalisme, de la politique, et des modes de vie à libérer. C'est bien pourquoi le cinéma américain des années 70 est aujourd'hui la d