Tokyo de notre correspondant
Dès sa sortie au début de l'année sur les écrans sud-coréens, The King and the Clown, fresque historique très maîtrisée du cinéaste Lee Jun-ik (c'est son cinquième film), adaptée d'une pièce de théâtre, a fait l'effet d'une bombe. Normal. Ce film décapant met les pieds dans le plat et traite avec force et subtilité du sujet encore tabou de l'homosexualité (jugée par l'Etat coréen «socialement et moralement inacceptable» jusqu'en 2004). Résultat : The King and the Clown a déjà séduit 12,5 millions de spectateurs (un Sud-Coréen sur quatre), devenant le plus gros succès historique de toute l'industrie du cinéma coréen. A l'échelle de l'Amérique, c'est Titanic version kimchi.
Triangle. S'il cartonne à ce point alors que pas une star locale ne figure au casting , c'est d'abord grâce à son intrigue peu commune avec un infernal triangle gay qui, dans la Corée du XVIe siècle, met la cour du roi dans tous ses états. Jang Saeng, clown mâle, n'est rien ni personne sans sa partie féminisée, Gong Gil, clown travesti aux gestes délicats. La survie de ces deux amuseurs itinérants dépend de leur talent. Condamnés à mort pour un sketch assez grivois jugé insultant par le roi Yonsan (resté dans l'histoire de la Corée comme un tyran notoire), ils sont pardonnés en le faisant rire et, leur charme aidant, autorisés à rester à ses côtés à la cour. Le tyran tombe amoureux de Gong Gil. Lee Jun-ik filme habilement la suite d'intrigues liant ce trio d'hommes entre passio