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Libération
Critique

«Watermarks», de l'Hakoah à la Shoah

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Un remarquable docu sur le destin de huit anciennes nageuses d'un club de natation juif de Vienne dans les années 30.
publié le 28 juin 2006 à 21h36

En 1935, à Tel-Aviv en Palestine, ont lieu les IIes Maccabiah, les «Jeux olympiques juifs». S'y retrouvent plusieurs milliers d'athlètes venus des quatre coins de la diaspora, défilant sous la croix de David et leur drapeau «national». Les corps s'affichent musclés, élégants, galbés, fierté de pouvoir montrer au monde que l'on peut être juif et dieu du stade. Une année plus tard, les Jeux olympiques de Berlin, ouverts par Hitler, sont boycottés par la plupart des athlètes juifs. Quelques années encore, et les corps juifs seront niés, exterminés, gazés, éliminés. Ce spectre hante le très beau documentaire de Yaron Zilberman, Watermarks, relatant l'histoire des nageuses d'un des plus grands clubs juifs des années 1920-1930, l'Hakoah de Vienne.

Héroïne. Aux IIes Maccabiah, la délégation autrichienne est la plus médaillée, une vingtaine de breloques ramenées par les nageuses viennoises de l'Hakoah, entraînées par Zsigo Wertheimer. Durant quinze ans, la section natation du club domine les sports aquatiques autrichiens, surtout grâce à son équipe féminine : des nageuses recrutées parmi les 150 000 Juifs de la communauté viennoise.

Les meilleures sont élevées au rang de stars, comme Hedy Bienenfeld, championne de brasse, mannequin, personnalité flamboyante ; Fritzy Löwy, bohémienne, lesbienne, nageuse au moral d'acier ; ou Judith Deutsch, battant douze records nationaux et d'Europe la même année 1935, en nage libre moyenne et longue distance. Héroïne sportive de l'Autriche, elle refu