Hier, c'était le 4 juillet, jour de fête nationale états-unienne et, Mondial aidant probablement, on a l'impression d'en avoir très peu entendu parler. Hollywood avait bien essayé de nous vendre ce produit à la fin des années 80, avec une grande photo de Tom Cruise au temps de sa gloire pour l'emballage et la marque Oliver Stone tamponnée dessus : Né un 4 juillet, dégoûtante tragédie chauvine qui fait souillure aujourd'hui encore sur la probité de la filmo du cinéaste.
Il serait sans doute plus malaisé encore à un producteur des années 2000 de vendre aux foules mondialisées un film américain qui serait patriote au premier degré. Dans l'intervalle, un mouvement en apparence contradictoire a changé la donne en profondeur : la représentation de l'Amérique s'est considérablement dégradée dans le monde, pourtant, dans le même temps, Hollywood s'est globalisé radicalement, réalisant plus de la moitié de ses bénéfices hors des Etats-Unis...
Ce n'est pas tant un paradoxe qu'une information : il y a un lien, qui reste à comprendre, entre le fait que, plus nous désaimons l'Amérique, plus nous aimons Hollywood. Le second, jouissant d'une forme d'extraterritorialité symbolique, n'a certes jamais été tout à fait assimilé à la première, un peu comme New York, qui, comme chacun sait, «n'est pas les Etats-Unis». Cette dissociation est une chance pour l'industrie du cru, qui développe d'ailleurs une nette tendance à brouiller les cartes identitaires dans la fabrication même de ses block