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Libération
Critique

«Call Me Agostino», poésie amoureuse

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publié le 12 juillet 2006 à 21h57

Deux femmes, un homme et une lampe de chevet (mal) heureusement brisée, dont la réparation servira de prétexte à la connexion d'un trio amoureux, sous les auspices très encourageants d'un Paris sélectif, où n'auraient été retenues que les oasis du grand art et de ses glorieuses distinctions (musées, bonnes librairies, etc.). Voilà le cliché qu'un survol approximatif de Call Me Agostino pourrait renvoyer. Il n'est pas faux, mais superficiel, tombant dans le panneau des apparences où le film s'amuse à nous faire trébucher.

Détours. Oui, Christine Laurent croit encore en quelque chose qui peut passer pour une conception très classique, voire éduquée, de la culture, où la peinture, les belles-lettres, la musique (et le cinéma) fondent le socle et le sens d'une vie. Le champ artistique soutenu sur lequel bourlinguent les personnages d'Agostino, les intrépides Balibar et Fillières en tête, n'a cependant rien d'exclusif : à la symphonie des beaux-arts, la cinéaste prend soin d'ajouter la fugue de l'artisanat, plaçant celui-ci sur un même plan logique. Les «arts supérieurs» ne le sont que parce qu'ils sont aussi un artisanat réputé mineur : le prétexte de la lampe, à cet égard, est double.

Il y a quelque chose de très injuste dans le sort fait souvent à Christine Laurent, assimilée par contresens à ceux dont elle se défie, apparentée à un système contre lequel elle s'insurge et qui lui fut obstinément adverse : il n'y a pas solitaire plus farouche dans l'exercice du mét