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Libération
Critique

«Vagues invisibles» pas si nettes

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par Aurélien NICODEAU
publié le 12 juillet 2006 à 21h56

Emanation d'une certaine façon emblématique du «cinéma asiatique», Vagues invisibles est une coproduction thaïlandaise, nippone et coréenne. Asiatique, ce film l'est encore par son scénario : Kyoji, un jeune cuisinier japonais part se faire oublier en Thaïlande après avoir supprimé l'épouse adultère de son patron, sur les ordres de celui-ci, avant de se retrouver traqué. Quant aux influences, l'ombre de Wong Kar-waï plane de manière flagrante sur Vagues invisibles. On retrouve ces clairs-obscurs, ces décors froids et minimalistes, cette atmosphère fantasmatique oscillant entre rêve et réalité.

Mais influence ne veut pas dire imitation. Et là réside le caractère subtil de Vagues invisibles qui n'hésite pas à jouer avec ses propres références, voire à les parodier ­ comme cette scène où Kyoji, venu tuer son patron, préfère finalement lui faire à manger, rappelant ces films de gangsters qui célèbrent la loyauté au boss.

Dans ce thriller esthétisant, le symbolique tient une grande place : le voyage jusqu'à Phuket en bateau est un purgatoire, où le cuisinier, confronté à un monde hostile, étrange, menaçant, expie ses péchés. A moins qu'il ne s'agisse de la transcription de son propre univers mental et de la culpabilité qui le dévore. Car s'il y a un registre où le réalisateur Pen-ek Ratanaruang excelle, c'est bien celui de l'ambiguïté. Presque tout au long du film, le doute plane : réalité ou fantasmes d'un esprit torturé ? Echos, effets de boucles, ellipses temporell