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Libération
Critique

L'Italie jusqu'à l'hallali

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par Ella MARDER
publié le 2 août 2006 à 22h50

Décidément, le contexte politique des années 70 inspire les cinéastes italiens d'aujourd'hui. Il les inspire tellement, d'ailleurs, que Michele Soavi, réalisateur pour la télévision depuis son dernier film, Dellamorte Dellamore (1994), revient au cinéma pour l'occasion. Mais à sa manière. Car c'est du milieu de l'horreur et de l'épouvante, où il s'est fait un nom dans les années 90, qu'est issu le Milanais. Loin, donc, à première vue, des portraits politico-sociaux qu'ont brossés Marco Bellochio dans Buongiorno Notte, ou Michele Placido dans Romanzo Criminale.

Pourtant, avec Arrivederci Amore Ciao, adaptation d'une semi-autobiographie signée Massimo Carlotto, Soavi cherche lui aussi à témoigner de l'influence effrayante des «années de plomb» sur la société italienne contemporaine. En détaillant l'insuccès de Giorgio, ex-militant d'extrême gauche devenu terroriste, décidé à mener une vie normale après des années d'exil en Amérique centrale, il peint un tableau social aussi paradoxal qu'inquiétant.

Réhabilitation. L'horreur n'est plus la glaise coutumière du cinéaste, mais elle sous-tend néanmoins son polar métaphorique. Giorgio, emprisonné dès son retour en Italie, voit d'abord sa peine allégée en devenant l'indic d'un commissaire respecté mais véreux ; puis, après avoir amassé assez d'argent en roulant le patron d'une boîte de strip-tease, il tente de s'intégrer à la société dans l'attente d'une réhabilitation que lui accordera finalement un sénate