Le piano n'adoucit pas les moeurs, Condoleezza Rice le démontre tous les jours à la planète. Dans la Tourneuse de pages, Denis Dercourt, lui, en tire un sujet de fiction intimiste : un duel au féminin, dont la tension s'égrène en notes feutrées.
C'est un réalisateur qui connaît la musique. A 39 ans, avec cinq films à son actif, Denis Dercourt, professeur au conservatoire national de Strasbourg, continue à se partager entre la caméra et l'enseignement de l'alto, qu'il a pratiqué en soliste. A la fin de Mes enfants ne sont pas comme les autres, son précédent long métrage, le couvercle d'un clavier de piano, brutalement rabattu sur de jeunes doigts fragiles, écrabouillait définitivement un avenir de virtuose. Même geste, mêmes conséquences, au début de la Tourneuse de pages. Pourtant, là, aucun doigt brisé. La main menacée se retire à temps. La main enfantine qui, de rage, a rabattu le couvercle sur le jeu d'une petite pianiste rivale, elle, ne caressera plus les touches. Déstabilisée par la désinvolture de sa présidente de jury, Mélanie, une fillette d'origine modeste, vient de rater l'examen qui devait lui ouvrir les portes du conservatoire. Elle n'y repiquera pas.
Séduction. Une dizaine d'années plus tard, on retrouve Mélanie (Déborah François), blonde et lisse, en stage de secrétariat chez un avocat (Pascal Greggory). Il cherche une baby-sitter d'occasion, pour quelques jours. Elle offre ses services. Il l'emmène dans sa villa à la campagne, et l'install