Au bord du lac Majeur, en Suisse tessinoise, la villégiature de Locarno reste des plus plaisantes. Rituellement, début août depuis cinquante-neuf ans, plusieurs milliers de cinéphiles se retrouvent pour ce qui est devenu l'un des plus importants festivals de cinéma tout en restant un petit coin de Suisse entre influences latines et air des montagnes. Sur la piazza Grande, Rachid Bouchareb, en y présentant Indigènes le second soir devant 8 000 spectateurs, a salué «la plus grande salle de cinéma du monde». Le festival possède une douzaine d'autres lieux, du grand théâtre Kursaal de la compétition aux Cubes où l'on projette des vidéos expérimentales. C'est de ce navire amiral de la cinéphilie que vient d'hériter Frédéric Maire, Neuchâtelois polyglotte d'une quarantaine d'années, qui en a passé la moitié à occuper tous les postes du festival, d'attaché de presse à animateur de débats, de porte-cafés à directeur artistique, succédant à Marco Müller, figure historique (qui dirige désormais Venise), et Irene Bignardi, qui a su ménager la chèvre de la politique locale et le chou du cinéma.
Maire a fait le ménage dans des sélections consensuelles et thématiques, pour «recentrer le festival sur le cinéma». Soit un peu moins de films (170 au lieu de 250) et un peu plus de choix : priorité aux auteurs, qu'ils soient en compétition officielle, en sélection Cinéastes du présent ou dans les programmes de courts ou d'expérimentaux. Même sur la piazza Grande, dévolue au