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Lynch majeur

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Avec «INLAND EMPIRE», David Lynch présente à la Mostra de Venise un nouveau film à la démesure de son talent.
publié le 7 septembre 2006 à 23h12

Le titre du nouveau film de David Lynch s'écrit en lettres capitales et pas autrement. Ça nous va très bien comme ça : INLAND EMPIRE est en effet immense (trois heures), dominateur, impressionnant, vertigineux, vertical. Mais surtout, il est GRAND.

Qu'est-ce qu'un grand film ? En l'espèce, une sorte de film somme, où David Lynch revisite, rebrasse et cristallise toutes les matières du cinéma qu'il pratique depuis maintenant quarante ans. Dès le début, nous sommes pris à témoin de sa démarche, et les premiers dialogues du film pourraient être un échange entre le cinéaste et le spectateur. L'image est torve, le décor, indécidable, les visages, floutés. «Où sommes-nous ? Où suis-je ?» demande une voix qui pourrait être la nôtre. «Je cherche une entrée», répond une autre voix, qui pourrait être celle du cinéaste au seuil d'un film qu'il ne saurait par où commencer.

Et bientôt, un cinéaste, effectivement, apparaît : c'est un Jeremy Irons carnassier qui tient ce rôle. Il vient d'élire une actrice appelée Nikki Grace pour être son héroïne (Laura Dern, absolument GENIALE de bout en bout). Ils s'apprêtent à tourner le remake d'un film qui n'a jamais pu être fini à cause d'une malédiction. Ce film s'appelait 47, et son tournage s'est interrompu à la suite d'événements mystérieux, dont Hollywood colporte, depuis, la légende. Après quelques séances de travail, il apparaît clairement que le sort jeté sur 47 est toujours bien vivace, et Nikki en