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Libération

«Love Song»

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par BAYON
publié le 13 septembre 2006 à 23h16

Love Song n'a pas tout pour plaire, ni pour nous déplaire.

A commencer par John Travolta. Le meilleur acteur au monde type ici un «singe en hiver» (soûlot bohème) white thrash. Tirant vaguement sur la ficelle cabotine, il tire aussi la patte comme personne : on le distingue d'entrée en homme invisible, à une démarche de sa façon inimitable.

D'ailleurs, il danse également, à plaisir, en éternel clin d'oeil groucho-marxiste distancié à Saturday Night Grease (ne parlons pas des tarantineries), deux fois anthologique en elfe éléphant qu'il est.

Chantant aussi (country blues), Bobby Long Travolta souffle l'esprit arty de cette fable existentialiste très dialoguée. Entre Russell Banks pour le meilleur (l'archéologie sociale) et Tennessee Williams-Cassavetes pour le pire (le charabia de psychodrame beurré), c'est du théâtre filmé bavard certes à la Nouvelle-Orléans ­ avant le désastre 2005, visiblement.

Comme dans la chanson, donc, «c'est un endroit qui ressemble à la Louisiane», avec une maison, une communauté. Ladite communauté, travaillée de névroses à relents d'inceste, ordinaire des «familles, je vous hais» sauce beat generation en kit, sous le signe appuyé de la sainte trinité LTB (littérature-tabagie-biture), réunit pour le meilleur et pour le pire deux poètes maudits clodos et une teenager à la perle venue rater l'enterrement de sa mère.

Complément d'attrait du film, gracieuse, bien que tirant un peu sur la co