A crimes barbares, coupables idéals ? Le 5 mars 1993, les cadavres mutilés de trois garçons de 8 ans sont retrouvés dans une clairière des Robin Hood Hills (Arkansas). Après quelques jours d'enquête, la police de la ville voisine de West Memphis exhibe fièrement un suspect. Jesse Misskelley Jr., un débile léger de 17 ans, avoue avoir assisté à la boucherie et met en cause deux potes, Jason Baldwin, 16 ans, et Damien Echols, 18 ans. Puis se rétracte. L'affaire des «West Memphis Three» peut commencer. Avec une enquête bâclée et un procès pour le moins partial, racontés dans Paradise Lost, un documentaire multiprimé aux Etats-Unis depuis sa diffusion à l'été 1996 sur la chaîne HBO et enfin disponible en France, grâce au DVD.
Reporters vautours. Avec le simple récit des faits rebondissements de situation en plein tribunal, approximations des enquêteurs, stratégies contradictoires de la défense , Joe Berlinger et Bruce Sinofsky avaient suffisamment de matière pour réaliser un film d'une efficacité dramaturgique implacable à l'instar du «polar du réel» The Staircase, de Jean-Xavier de Lestrade (Ecrans du 1er juillet 2006). Mais, au-delà du fait divers exceptionnel, ces adeptes du documentaire au long cours (1) frappent par leur vision terrifiante de l'Amérique profonde, où l'on a autant la Bible à la bouche que le colt à la main et où l'horizon culturel se limite à la sainte Trinité trailer park-télé-église. Au procès, le procureur insistera lourdemen