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Libération
Critique

Lubitsch, une drôle de «touch»

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A Saint-Sébastien, une rétro permet de voir des films muets du «prince de la comédie».
publié le 20 septembre 2006 à 23h21

Après avoir fait redécouvrir les filmographies de William Wellman, Gregory La Cava, Michael Powell ou Anthony Mann, il était fatal que le festival de Saint-Sébastien et la Filmoteca española s'attaquent à encore plus fort : Ernst Lubitsch (1892-1947), celui que François Truffaut qualifiait de «prince de la comédie». On pourra donc, à côté des films les plus connus (To Be or Not to Be, Haute Pègre, Angel...), découvrir des chefs-d'oeuvre de sa période allemande (1915-1922) et de la première partie de sa carrière américaine, celle où il s'illustra dans le cinéma muet.

Fils de fourreur juif russe immigré à Berlin, Ernst Lubitsch a d'abord rêvé de devenir acteur. Elève de Max Reinhardt, géant du théâtre allemand des années 10, il joue ses premiers rôles à l'écran en 1913 et passe à la réalisation deux ans plus tard. Une grande partie des films réalisés alors a disparu. Il en reste pourtant suffisamment pour affirmer que Lubitsch était déjà un sacré metteur en scène. Dès Schuhpalast Pinkus (1916), il fait preuve d'une extrême vitalité, d'un humour multiforme et d'un goût affirmé pour les femmes, qu'il filme avec désir. Sally Pinkus, le «héros» du film, est un chenapan et un arriviste prêt à tout, à séduire, à mentir, tout pour réussir et devenir une sorte d'artiste de la vente de chaussures. Quand ils ont découvert le film, dans les années 80, des critiques ont été effrayés d'y découvrir des clichés antisémites, que le jeu de Lubitsch (il incarne Pinkus), acte