C'est comme si l'on partait en vacances en Géorgie (le film est franco-géorgien), et là, paf, on tombe sur des abrutis de touristes français, forcément plus abrutis que nous, puisque c'est un axiome : tout compatriote rencontré à l'étranger m'empêche de jouir de mon étrangeté. Ces trois-là (Sylvie Testud, Stanislas Merhar et Olga Legrand) sont des reporters qui passent leur temps à nous le gâcher en disant tout haut ce qu'on a pensé bien bassement mais qu'on s'était retenu de conscientiser. Du genre, voyant un cercueil : «On dirait un cercueil.» Oui, ça c'est sûr, ça ressemble moyen à un thermoplongeur. Ne vont-ils jamais la fermer ? Va-t-on arrêter de voir la Géorgie avec leurs yeux de beaufs pleins de clichés ? Peu, ou pas, et le film ne nous rend enfin au secret que trop tard, ne nous rend à la vérité que vers les dernières minutes, lorsque ces fâcheux sont sortis du champ avec leur caméscope sur l'épaule, et que leur guide interprète conclut : «J'aurais préféré ne jamais rencontrer des gens comme vous.» En voilà au moins un avec qui l'on peut tomber d'accord.
Car l'héritage dont il est question est celui d'une vendetta qui doit se terminer par un sacrifice au fin fond d'un village. Il y a donc toute matière à rituel, à réflexion sur la mort, la filiation, etc. Sauf que le choix de faire lever cette matière sur un fond de platitude navrante aurait sans doute pu fonctionner un peu mieux. Néanmoins, il reste quelques fortes scènes dont on se rappelle longtemps.