"Ghosts", de Nick Broomfield, est le long-métrage anglais qui a ouvert vendredi le 54 e festival international de cinéma de Saint Sébastien. C'est un film intéressant, moins en lui-même que comme symptôme. Ne vous fiez pas au titre, "Ghosts" n'a rien d'un film fantastique; c'en est même le contraire. Les fantômes du titre sont des immigrés sans droits et c'est l'histoire de certains d'entre eux, qu'il raconte.
Quelques Chinois, dont une femme, Ai Qin, ont quitté le Fujian, une province côtière au nord de Canton et au sud de Shanghaï, attirés par le mirage économique européen. En fait, le film commence par la fin : quand ce groupe, en train de ramasser de coquillages dans le sud de l'Angleterre pour un quelconque exploiteur, se fait coincer par la marée montante et se retrouve menacé de noyade.
L'histoire est vraie et c'est la vraie Ai Qin qui joue Ai Qin dans le film. Ceci est souligné dans certains intertitres, dans le dossier de presse et sans doute on en jouera encore dans les futures critiques. Nous sommes ici en face d'un véritable chantage au réel. Avec un film qui ressemble à un documentaire, basé sur une histoire vraie, et manichéenne. Comment ne pas adhérer ? Sinon en faisant preuve d'un cœur de pierre ?
Retour au film. Le récit se poursuit par un flash-back : un an auparavant nos illégaux ont payé très cher (25 000 dollars) des intermédiaires pour faire un voyage difficile, en bus, à pied et dans le double-fond d'un camion, jusque de l
Les fantômes du cinéma de l'immigration
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(EDOUARD WAINTROP.)
par Edouard WAINTROP
publié le 24 septembre 2006 à 7h00
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