«J'apprends à mourir sans lui» est une phrase clef du film du jour, qui a d'autres clefs et entrées. Drame de deuil assez modèle, agrément et cinématographie confondus, pour mériter retour et recommandation, Chacun sa nuit peut se prendre à la policière, comme un thriller provincial transcendant Chabrol et Simenon. C'est aussi et d'abord un «doux vin de jeunesse» en Bande du Drugstore revu néominets et corrigé Larry Clark via Marock et Hell disons.
C'est de surcroît une ode à la fraternité envisagée comme absolu platonicien de l'incomplétude ; et/donc une thèse sur la bisexualité, croisant Son frère et les Nuits fauves. Cet axe pasolinien («le corps est une arme») n'est pas ce qu'on préfère du film, mais, comme en tout, Chacun sa nuit sonne assez juste même à ce titre idéologiqueue pour ne pas gêner, par heureuse exception française.
Inceste, dialogues, intrigue, montée dramatique, image, profils, corps, jeu, noirceur, lyrisme, jeunesse, fantaisie, famille, rock, secret, rebondissements, rire, bain, amitié, romantisme... rien ici qui grince ou crispe ; rien qui ne passe et charme. Chacun sa nuit sait littéralement de quoi il parle. La nuit y est bel et bien, et chacun à sa place. On peut s'y fondre deux ou trois fois sans honte.
Prenons les acteurs et rôles, en commençant par Pierre et Lucie. Lizzie Brocheré, la belle de nuit de la bande, est plus vraie que nature. Parfaite en sa courte beauté