Doucement, Voiture de luxe émerge des flots jaunes du Yang-Tsé au roulis d'un ferry. Au débarquement des passagers, une Chine en rencontre une autre, envahissant la métropole de Wuhan comme hébétée de l'urbanisme grouillant. Encore sonné, Li Qi Ming, un instituteur de campagne, tombe sur sa fille Janhong, venue l'accueillir, mais qu'il reconnaît à peine. Les fards de la ville empourprent sa figure. Il y a déjà un an qu'elle est partie à la recherche de son frère, disparu sans laisser de trace. Depuis, les recherches patinent. Le père prend le relais, arpentant Wuhan avec un vieux policier à la triste mine.
De son dernier film, Jour et nuit, Wang Chao emprunte le découpage, entre ombres et lumières, suspendant les atermoiements de ses personnages à la tombée de la nuit. Il scrute les flottements des regards de Janhong, son indolence dès qu'elle franchit le seuil du karaoké où elle se prostitue. Sous les lumières du bar, son âme semble s'absenter, endolorie entre le sexe et l'alcool, l'un et l'autre tarifés, pour ne reprendre ses esprits qu'au petit matin dans la cylindrée européenne de He Ge, son maquereau et amant. Tout le jeu des personnages est de compartimenter la vérité et de se débarrasser de ceux qui pourraient vendre la mèche.
Voiture de luxe avance dans cette zone indécise avant de virer au noir. La quête de Li Qi Ming éclabousse une société cédant aux compromis et à la facilité. He Ge, petit truand enrichi à l'industrie du divertissement, voit son