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Libération
Interview

«Je filme l'envers de la vérité»

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par Nicolas BAUCHE
publié le 27 septembre 2006 à 23h26

Wang Chao, 41 ans, critique de cinéma passé à la réalisation, commente son troisième film, Voiture de luxe, récompensé cette année à Cannes du prix Un certain regard.

Voiture de luxe est un portrait amer de la Chine actuelle.

Aujourd'hui, il existe deux Chine qui tentent de cohabiter l'une avec l'autre. Tout repose sur un système d'oppositions : la campagne et la ville, mais aussi la vérité et le mensonge, la pauvreté et la richesse. Comme je suis du peuple, je comprends le destin des ruraux de mon film, égarés dans la société citadine de Wuhan, l'une des villes les plus modernes de Chine. C'est d'ailleurs le fil conducteur de mon cinéma depuis mon premier film, l'Orphelin d'Anyang.

C'est aussi la quête d'un père parti à la recherche de son fils disparu, un phénomène répandu en Chine.

C'est la motivation du film, mais, presque derrière lui, comme une trame de fond désespérée. Je voulais montrer ce père qui va ébranler la vie quotidienne de tous les personnages, observer les changements, l'évolution de chacun face à cette recherche. C'est l'image d'un jet de pierre dans un lac avec toutes ces vaguelettes qui se forment autour. Je décris la place de chacun dans la famille, l'amour que ce père et sa fille Janhong se portent mutuellement, même s'ils communiquent souvent par des provocations. Je filme les rapports d'amour mais aussi de jalousie entre les personnages.

La dissimulation est omniprésente dans Voiture de luxe. Seuls le vieux policier et He Ge pe