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Critique

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Mené par le duo d'acteurs Duris-Garrel, «Dans Paris» signe le retour en grâce de Christophe Honoré. Une évocation Nouvelle Vague séduisante et littéraire.
publié le 4 octobre 2006 à 23h32

En mai, l'opinion cinéphile réunie en consortium à Cannes s'est réconciliée avec un cinéaste vivant. Ça n'était plus arrivé depuis des siècles. Cinq mois ont passé et, ce matin de septembre, à l'étage d'un café, quelque part dans Paris, on peut encore voir Christophe Honoré sourire d'étonnement à ce retournement soudain de situation. En même pas huit années, ce type de 36 ans, dont vingt-cinq passés en province (Bretagne), a endossé successivement les casquettes de critique insoumis (viré des Cahiers du cinéma), puis de jeune romancier lancé (l'Infamille, la Douceur) avant de devenir (avec 17 fois Cécile Cassard) le bel espoir du cinéma français. En 2003, il gagna ses galons de paria total, en adaptant Ma mère, de Georges Bataille. Mais pour avoir osé mettre en regard l'expérience érotique de Bataille avec l'inculture de notre époque où toute chair est à consommer, il aura fâché intellos sourcilleux et érotomanes braqués. Le public cinéphile (composé pour beaucoup des deux catégories, ceci explique cela !) a suivi la mouvance : Ma mère a porté sa croix.

«Dans l'urgence». «Après Ma mère, j'ai eu un vrai découragement sur le cinéma. Le film avait été très violent à fabriquer, la sortie a été une bataille pire encore. J'ai pris du recul, écrit un livre (le Livre pour enfants, éditions de l'Olivier, ndlr), où j'insérai un faux journal du tournage écrit après coup, à partir des feuilles de service quotidiennes. C'es