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Libération
Critique

Gatlif carapaté dans les Carpates

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«Transylvania» orchestre ses clichés gitans en une symphonie visuelle jouissive.
publié le 4 octobre 2006 à 23h32

Mais où va-t-on ? C'est la question qui bouillonne dès le début, parce qu'on y va de toute évidence, et sur les chapeaux de roues, à l'arrache, avec quelques coups de frein sur des visages en bord de route. Puis on pile au milieu d'un bled : irisation, grand angle, suspension pneumatique du temps. Jeu conventionnel des trois actrices. On se demande ce que peut bien fabriquer Gatlif. Ce n'est pas clair, là, derrière cette caméra qui s'agite en tous sens. On se répond, pour paraphraser Duras : «Gatlif, il fait le cinéma.» On attend de voir et en sortant, on ne se rappellera rien, sinon qu'on aura jubilé tout du long.

Le lieu est la Transylvanie, en Roumanie. A travers la forêt donc, sur le chemin plutôt que vers un but, s'égarant en long voyage d'hiver, comme Gatlif aime les filmer. Dans Gadjo Dilo, Romain Duris cherchait une chanteuse, cette fois une femme, Zingarina (Asia Argento), poursuit l'amour sous les traits d'un don juan pianiste, Milan. Enceinte, elle est venue de France avec une amie, et une traductrice les escorte. Mais quand elle retrouve Milan, il la largue. Zingarina abandonne tout le monde, et entame un road-movie avec Tchangalo (Birol Ünel, nettement moins identitaire que dans Head On), un camelot bourru qui devient son amant. Ce qui fascine absolument dans Transylvania, c'est qu'on y prend un plaisir d'autant plus grand que le scénario paraît inepte et que les personnages souffrent d'une psychologie rudimentaire. Comment se fait-ce