Où une «mauvaise nuit» peut être synonyme de bonne nouvelle. Le plaisir de la découverte de Mala Noche, vingt ans après sa réalisation, sera désormais pour toujours lié à son long enfouissement, à sa nuit prolongée. Qu'un film dorme dans l'oubli du cachot alors que la carrière de son auteur escalade les sommets, il n'en faut pas beaucoup plus pour qu'une légende s'écrive : Gus Van Sant ne serait pas particulièrement pressé, murmurait-on, à voir ressurgir son premier film. Qu'il s'échange encore sur des sites de fans une dizaine de VHS d'époque lui suffirait amplement. Ça, c'est pour la rumeur sceptique. Il en existe une autre, plus romantique : GVS continuant de faire son lit de ce film source, il aurait attendu pour le remontrer d'avoir conclu, avec Gerry-Elephant-Last Days, la trilogie à la fois expérimentale et acclamée qui le rapproche de ce premier film, qui fut lui aussi expérimental (par manque de moyens) et acclamé par vingt personnes, en comptant large. Bref, ressortir un film des origines non seulement pour le montrer mais pour lui offrir un sens.
Ressortir Mala Noche par envie d'avouer un secret, tout est là, tout y est, Van Sant jouissant de ce privilège incontrôlable que connaissent certains cinéastes : n'avoir jamais su faire qu'un seul et même film. Pour ceux-là, tourner un film, c'est toujours tourner autour du premier récit, le refaire, le défaire, lui faire pousser des contritions, le répéter, le bégayer, le rature