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Libération
Interview

«J'ai attendu mon bout de pain pendant quinze ans»

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publié le 11 octobre 2006 à 23h38

Né en mai 1969, de Jérôme Savary, metteur en scène de théâtre, et Sabine Monirys, artiste peintre, Robinson Savary livre, à 37 ans, son premier film, qui a failli à plusieurs reprises ne jamais voir le jour.

Vous avez porté ce projet de Bye Bye Blackbird pendant plus de dix ans, pourquoi tant de difficultés ?

Il y a une idée répandue chez les producteurs français qu'il ne faut pas produire de films qui se déroulent dans le monde du cirque. Ça date de l'énorme échec de Lola Montès de Max Ophüls, dont l'industrie a eu du mal à se remettre. J'ai d'abord écrit un scénario en français avec lequel j'ai démarché les producteurs parisiens. Tous pensaient que c'était risqué, un projet beaucoup trop cher à monter pour un premier film. Ils n'étaient pas sûrs que j'ai les reins assez solides pour mener une telle entreprise à terme. Je suis passé par des périodes d'attente inhumaine, tout le monde me conseillait de laisser tomber, de passer à autre chose. J'ai mis ma santé mentale en péril parce que je m'enfermais dans mon entêtement. J'ai morflé, mais j'ai eu de la chance puisque le film s'est fait dans les conditions exactes dont j'avais rêvé.

C'est-à-dire ?

Un mélange de luxe et de pauvreté. On a tourné au Luxembourg dans un haut-fourneau de la taille d'un terrain de foot. On n'a jamais perdu de temps en déplacements ; dans la nuit, on changeait de ville, Paris, Londres, Venise, simplement en changeant de toiles peintes selon des principes simples de décor de théâtre, des lu