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Libération

Straub sans Huillet

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publié le 11 octobre 2006 à 23h38

Danièle Huillet est morte dans la nuit de lundi à mardi. Elle avait 70 ans. Elle était en France depuis quelques jours, pour accompagner la sortie, mercredi prochain, de Ces Rencontres avec eux, son dernier film, cosigné avec Jean-Marie Straub, comme toujours... Et comme plus jamais.

C'est terrible à dire, mais nous le savons tous instantanément : morte, Danièle Huillet nous tue deux fois puisque, Huillet mourant c'est aussi Straub qui, probablement, ne filmera plus. Terrible aussi parce que sa mort produit ainsi une sorte d'immense déchirement dans le grand drap conjugal où nous projetions leurs films, et c'est comme si le deuil de ce grand morceau de leur étoffe commune, qu'elle emporte au-delà, nous était impossible, interdit, puisque suspendu à un autre, qu'évidemment nous craignons.

Qu'est-il temps de dire, alors, à propos de Danièle Huillet, qui n'arrive pas «trop tôt, trop tard», pour reprendre le titre de l'un des plus beaux documentaires du couple ? Lui accorder, peut-être, la justice d'un regard singularisé. Inverser l'ombre de la mort en éclairage sur sa personne unique, insister sur ce qu'elle a toujours pris grand soin d'effacer, de cacher : cette singularité en propre ­ de femme, d'artiste, de maîtresse ­ disparue sous l'exigence impérative du couple. Sans prétendre ni même viser à le percer, c'est d'abord à ce secret humain considérable qui habitait la personne de Danièle Huillet que l'on voudrait rendre hommage.

Une anecdote (assez) célèbre fixe as