Le même événement guerrier, la bataille de l'île d'Iwo Jima (en février-mars 1945), capté d'abord du point de vue américain (Flags of Our Fathers, traduit Mémoires de nos pères), puis japonais (Letters from Iwo Jima, sortie prévue début 2007), c'est le pari ambitieux de Clint Eastwood, 76 ans, après la moisson d'oscars de son précédent Million Dollar Baby. L'articulation des deux volets doit aboutir raisonnablement à une réflexion désabusée sur le non-sens de la guerre et à la déconstruction de l'idéal héroïque : «Les gens essayent d'en tuer d'autres, qui, dans d'autres circonstances, pourraient être extrêmement amicaux»,déclarait Eastwood lors d'une conférence de presse à Beverly Hills.
Jonglerie. Ce que Flags entend raconter nécessiterait à soi seul bien plus que les deux heures de reconstitution historique entrelaçant plusieurs strates temporelles et sujettes à débat que le cinéaste-acteur-star tente d'agglomérer dans un périlleux numéro de jonglerie. En effet, le film ne se contente pas de montrer l'offensive des soldats américains contre cette île volcanique empestant le soufre et qui dissimulait dans ses réseaux de tranchées 20 000 soldats nippons, épisode demeuré comme l'une des plus féroces batailles de la guerre du Pacifique. Il s'intéresse aussi à l'incroyable histoire de la photo de Joe Rosenthal représentant six soldats plantant le drapeau américain au sommet stratégique du mont Suribachi. Ce cliché, qui devint instantaném