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Libération
Interview

«Le cinéaste ne doit rien lâcher»

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publié le 25 octobre 2006 à 23h48

La parution du livre de Frédéric Sojcher Manifeste du cinéaste (1) a déclenché nombre de débats au sein du cinéma hexagonal (2), particulièrement dans cette nébuleuse qu'on nomme le «jeune cinéma français». Sans doute parce que Sojcher, simplement et concrètement, démontre toutes les raisons pour qu'un cinéaste, en France, soit peu à peu ­ ou brusquement ­ dépossédé de son propre film (cela lui est arrivé personnellement). Que le film soit directement pris en charge par son producteur, ses acteurs plus ou moins vedettes, ses financiers télévisuels, voire à travers une série de causalités pouvant mener à l'autocensure. Ce livre propose une série de mesures pour qu'un cinéaste se réapproprie son oeuvre, redevienne à la fois propriétaire de ses droits et ce qu'on appelle, depuis les années 50 et la Nouvelle Vague, un «auteur de film». En ce sens, ce Manifeste est le vade-mecum d'une génération. Autour de ce livre, pour illustrer la condition de cinéaste aujourd'hui, voici réunis Frédéric Sojcher, qui a réalisé Cinéastes à tout prix (2004), et Claire Denis, auteure de Beau Travail, Trouble Every Day ou l'Intrus.

Qu'est-ce qu'un cinéaste ?

Frédéric Sojcher : Celui qui porte un projet de bout en bout, le maître d'oeuvre du film. Le cinéma a cette spécificité d'être un travail collectif, mais de dépendre entièrement du regard d'un créateur, qui est porteur du sens et de la forme. Contrairement aux producteurs, scénaristes, acteurs, techniciens, diff