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Libération
Critique

L'amour libre

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Pascale Ferran revisite «Lady Chatterley» en un film où chair et sentiments vont au-delà de la seule lecture érotique du roman de D.H. Lawrence.
publié le 1er novembre 2006 à 23h54

«Notre siècle est tragique par lui-même ; aussi refusons-nous de le prendre au tragique. Le cataclysme s'est abattu sur nous. Habitués déjà aux ruines, nous commençons à remettre sur pied de nouveaux petits logements, de nouveaux petits espoirs.» Ainsi commence le roman de D.H. Lawrence, Lady Chatterley et l'homme des bois, deuxième version de l'Amant de Lady Chatterley, publiée à Londres en 1972 et en français cinq ans plus tard (éditions Gallimard). Lawrence écrivait toujours plusieurs variantes de ses romans, et celle qu'il se décide à rendre publique en 1928 à compte d'auteur est en fait la troisième réécriture d'un premier jet. L'Amant est à la fois archicélèbre, plusieurs fois adapté (Marc Allégret en 1955 avec Danielle Darrieux, Just Jaeckin en 1981 avec Sylvia Kristel...) et mal connu.

Naissance d'un couple. La vision qu'en propose aujourd'hui Pascale Ferran en s'appuyant volontairement sur la deuxième version, titrée en anglais John Thomas and Lady Jane (désignation argotique en anglais des organes sexuels), mouture plus longue et selon elle «plus frontale», risque à tout le moins de dérouter ceux qui se sont arrêtés à la réputation sulfureuse du roman, en particulier au cliché d'un érotisme aphasique mêlant une aristocrate et un rustaud, indexant la jouissance sur le frottement de deux catégories sociales censées ne jamais devoir se toucher. La cinéaste française (Petits Arrangements avec les morts, l'Age des possibles)