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Libération
Critique

Les toiles de l'expressionnisme

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Textes, esquisses, affiches... L'expressionnisme allemand s'expose à la Cinémathèque.
publié le 1er novembre 2006 à 23h54

Dans le vestibule de l'exposition, c'est une voix et une silhouette qui nous saisissent. La voix nasillarde, lointaine, presque d'outre-tombe puisque surgissant d'une cloison, est celle de Lotte Eisner ressuscitée (Eisner est morte en novembre 1983) par le truchement d'une archive sonore des années 70 où, du fond de son adorable accent cosmopolite de vieille européenne, elle peste sur l'emploi abusif du terme «expressionnisme». La silhouette en hauteur et en boucle sur un écran est celle de Nosferatu, le conte vampire imaginé en 1922 par Murnau, qui, de sa longue main prolongée de griffes, pointe la marche à suivre : par ici, l'entrée.

Entre vampire et fantôme peut-on rêver auspices plus fantastiques pour inciter à une rêverie sur l'expressionnisme allemand ? La résurrection de Lotte Eisner a vertu d'hommage. Sans cette «démoniaque» collaboratrice d'Henri Langlois, la cinémathèque ne serait pas un des plus riches fonds d'archives cinématographiques du monde, notamment sur le domaine allemand. En outre, jeune critique dans le Berlin des années 20, Lotte Eisner est l'auteur de l'Ecran démoniaque, ouvrage majeur sur le cinéma allemand de l'entre-deux-guerres. L'exposition est tout entière dans la monstration de ce fonds de documents exceptionnels, et, à ce titre, adéquatement sous-titrée «splendeurs d'une collection» : textes, dessins, plans, esquisses, photographies, maquettes, affiches, décors. Une infime partie des «trésors», à en croire Laurent Ma