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Libération
Interview

«Le sexe comme langage cinématographique»

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publié le 8 novembre 2006 à 0h00

Shortbus, avez-vous dit ailleurs, est un film qui utilise le «langage de la sexualité» sans pour autant être érotique... Le sexe est un langage cinématographique et aussi personnel. Comme langage personnel, c'est une expression que la plupart du temps on ne contrôle pas, ce qui nous effraie. Certains tentent de la contrôler, d'autres de perdre le contrôle. Par exemple, les hommes politiques qui aiment être dominés au lit, afin de se délivrer du pouvoir. Le sexe ressemble aussi parfois à une performance : il y a de la violence, de la communion, de l'ennui, de l'humour... Comme langage cinématographique, jusqu'à l'arrivée du sida, le sexe était devenu de plus en plus explicite. Une des grandes influences de Shortbus est Taxi zum Klo, un film allemand de 1981. Un beau mélange de drôlerie et de tristesse. Frank Ripploh, le réalisateur, est mort du sida. Avec l'arrivée des trithérapies, au milieu des années 90, on a recommencé à utiliser le sexe comme langage. Je pense à Breillat ou Chéreau. Mais c'était un sexe négatif, lié à des enjeux de pouvoir, traumatisant. Il m'a semblé qu'on pouvait utiliser ce langage différemment.

Vous êtes un des premiers à traiter la question du ratage avec humour.

Une baise réussie ne présente pas forcément des qualités dramatiques. Le scénario de Shortbus vient des acteurs. C'est comme un rosier sur un espalier : les gens avaient une idée, et je leur disais de continuer ou de pousser dans une autre direction. C'est u