Ces princesas du titre sont des prostituées. Pas des call-girls de luxe. Pas non plus les putes d'un trottoir bariolé aux couleurs nocturnes d'un quelconque Barrio Chino censément immémorial. Non. Des filles d'un Madrid banal, qui rament à la petite semaine, à leur compte, sans mafia ni mac. La tête encore hantée des éternels vieux rêves de princes charmants.
Caye (Candela Peña) aurait sans doute pu faire autre chose de sa vie qu'une succession de rendez-vous sordides, rythmés par les appels de son téléphone portable. Chaque dimanche la ramène, secrète et butée, à la table familiale tenue par sa mère, figée de respectabilité petite bourgeoise. Zulema (Micaela Nevárez), elle, c'est une autre paire de manches : portoricaine et immigrée sans-papiers, elle appartient à cette concurrence exotique, casseuse de prix, dont Caye et ses copines observent aigrement la retape, depuis le salon de coiffure qui leur sert de quartier général. Entre elles, il n'y a pas de solidarité, mais plutôt les barrières de la jalousie et du racisme. Jusqu'à ce qu'un incident les rapproche.
«Film lumineux». Avec les Lundis au soleil, il y a quatre ans, Fernando León De Aranoa avait signé un formidable film au masculin, sur le chômage. Avec Princesas, il passe à l'amitié féminine, sans quitter le registre social. C'est l'histoire d'une rencontre, sur fond de prostitution. Pas une histoire de prostitution. Le réalisateur assume la mise hors champ du proxénétisme et des problèmes de trai