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Libération

Un chant d'amour pour «Johan»

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publié le 8 novembre 2006 à 23h59

Aujourd'hui qu'ils nous paraissent presque banals, voire lassants, on en oublierait presque combien les films homosexuels français ont été rarissimes jusqu'au début des années 80.

Longtemps, seul Un chant d'amour, de Jean Genet, chef-d'oeuvre primitif, fondateur et poétiquement indépassable, occupa, sur les filmothèques personnelles et bien cachées de l'après-guerre, le rayon bizarre d'un cinéma homosexuel, encore informulé comme tel. Bien plus tard, les Amis, film discret de Gérard Blain, permit au thème de subsister en quelque sorte clandestinement. Mais au-delà : quasiment le néant.

Aussi, c'est dans une stupéfaction complète que l'on découvre, tombant du temps et de l'espace, ce DVD appelé Johan, film non seulement perdu de vue mais pratiquement jamais répertorié, oublié corps et âme. Pourtant, du corps et de l'âme, le premier film de Philippe Vallois en a à revendre. Un étonnement supplémentaire nous saisit en constatant que Johan précède de quelques saisons le tout aussi indispensable Race d'Ep, de Lionel Soukaz, que l'on croyait pourtant sans précédent. Race d'Ep fait aujourd'hui figure de repère historique et sa très grande vigueur, son incroyable audace, son énergie subversive méritaient amplement d'être ainsi distinguées par l'histoire cinéphile. Oui mais voilà, Johan aussi peut réclamer cette place prophétique et, dans la mesure où ce film est lui aussi très bon, il faut absolument réparer l'injustice éventuelle dont