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Libération
Critique

«Babel», vertige planétaire

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Sur le principe de la réaction en chaîne, Iñárritu croise les destins avec brio.
publié le 15 novembre 2006 à 0h05

Babel nous maintient aux aguets. Chaque plan donne le sentiment qu'il y a toujours quelque chose à voir, à comprendre, à entendre, qu'on ne saisit pas intégralement, mais qu'on pourrait attraper, si l'on était encore plus attentif et si l'émotion ne nous débordait pas de tous côtés. Tel un rêve, alors qu'on est sur le point de saisir la clé de l'énigme, les personnages s'effacent pour laisser place à d'autres, situés aux antipodes, dans un raccord en mouvement. Un groupe de jeunes filles japonaises en très gros plan apparaît. Elles jouent au basket. Elles sont hyperexpressives. Et sourdes muettes.

Frontières. Comme les deux précédents films du Mexicain Alejandro González Iñárritu, Babel est l'imbrication parfaite de plusieurs histoires, tel un rébus dont la solution serait une fable. Elles se déroulent dans des lieux on ne peut plus distincts : le désert marocain, la frontière américano-mexicaine et le Tokyo high-tech. Tout communique et les trois histoires sont liées, mais comment ? Quoi de commun entre les deux petits bergers marocains, qui attentent à la vie d'une touriste américaine (Cate Blanchett) en jouant avec un fusil, et la provocante adolescente Chieko (Rinko Kikuchi), qui entre en contact avec les hommes en se cognant à eux, toute nue, toute crue ? Quel rapport entre la rage de Chieko, dont on apprend peu à peu que la mère s'est tuée d'un coup de feu, et les deux enfants américains, ravis et angoissés de partir pour un mariage à Mexico, avec leur nou