Le Prestige est le dernier acte d'un tour de magie qui en compte trois : la promesse, qui présente au public une situation banale, le revirement, où surgit l'extraordinaire, et enfin le prestige, acte au cours duquel se produit le coup de théâtre. C'est sur l'énoncé de ce triptyque que démarre le film de Christopher Nolan. Un illusionniste, Cutter, interprété par un paternaliste Michael Caine, brandit un canari pépiant, l'escamote et le fait réapparaître devant les yeux émerveillés d'une fillette. C'est le démarrage d'une longue série de flash-back, figure narrative que le réalisateur avait déjà largement utilisée d'un de ses premiers films, Memento. L'histoire qu'il a tournée cette fois se situe dans un Londres victorien assez probant, à la fin du XIXe siècle.
Menottes. C'est l'époque de l'âge d'or du spiritisme et de la magie, quand les prestidigitateurs procurent devant des salles combles le premier divertissement de masse et que les affiches vantent des attractions toujours plus spectaculaires basées sur des machineries complexes pour captiver un auditoire avide de sensations fortes. Une de ces rocks stars de ces années-là fut Harry Houdini, célèbre pour ses «évasions» qui faisaient fi des menottes et des chaînes.
Formés par Cutter, deux jeunes magiciens prometteurs, Robert Angier (sémillant Hugh Jackman) et Alfred Borden (indéchiffrable et troublant Christian Bale) vont engager une compétition féroce le jour où, sur scène, un numéro tourne au tragique (l'épo