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Libération
Critique

La tournée du patron

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La «Mondialisation» vue d'une entreprise de Haute-Savoie.
publié le 15 novembre 2006 à 0h05

Partir du local pour parler du global : c'est la démarche du documentariste Gilles Perret, dont les films, ancrés dans la Haute-Savoie où il réside, évoquent le monde tel qu'il va, c'est-à-dire plutôt mal. Après avoir montré le fossé séparant les gouvernants des gouvernés dans 8 clos à Evian (sur les à-côtés d'un sommet du G8 au bord du lac Léman), Gilles Perret a enquêté sur l'économie mondiale en promenant sa caméra dans la vallée de l'Arve et ses usines de décolletage (travail de haute précision sur des pièces métalliques utilisées dans l'industrie automobile, l'armement, l'aéronautique...). Initialement diffusé sur France 3 Rhône-Alpes, puis abondamment montré en Haute-Savoie (mais pas à Cluses, capitale de la vallée de l'Arve, le maire UMP ayant interdit les projections), Ma Mondialisation bénéficie cette semaine d'une sortie nationale sur cinq copies, parallèlement à son édition en DVD.

Impostures. Le film décortique, après beaucoup d'autres mais avec une efficacité certaine grâce à un montage rythmé, les mécanismes et les impostures d'un système d'échanges ultralibéral où les prétendus bienfaits de la concurrence se révèlent surtout synonymes d'une violence accrue dans les rapports économiques. L'originalité de Ma Mondialisation réside dans la large place qu'il accorde à la parole des patrons, souvent absents de ce genre de documentaires. Car, si les témoignages de syndicalistes et d'économistes abondent, le véritable héros du film est Yves Bontaz,