Avoir
20 ans en 1934. Se dire qu'on est né l'année de la Grande Guerre. Ecossais, car McLaren est un patronyme qui ne trompe pas, même si les parents l'ont adouci par un prénom, Norman, qui sonne presque comme «normal». Et s'imaginer qu'on pourrait vivre autrement. Surtout si on est né à Stirling, gros patelin qui somnole autour de son château médiéval, dans une famille moyenne, normalement ennuyeuse. Il faut s'en aller à la ville. C'est à Glasgow la rouge que ça se passe quand Norman McLaren est jeune. Norman s'inscrit au Parti communiste écossais et à la Glasgow School of Art. Norman est un grand garçon maigre et timide qui suit les cours de la section dessin et peinture. On dit qu'il a un joli coup de crayon. Mais Norman est déçu. Ce n'est pas le dessin qui lui plaît, c'est le mouvement. Norman joue de l'orgue, va au théâtre voir des spectacles de danse. Alors, le mouvement, comment faire ? Parce qu'il a déjà vu pas mal de films expérimentaux de la jeune URSS au ciné-club de l'école, il se dit que ce sera le cinéma.
Son échappée belle commence par un film d'école à l'école. Avec la caméra d'un professeur, Norman filme ses copains des beaux-arts. 7 till 5, de 7 heures du matin à 5 heures de l'après-midi. Les gestes du travail (sculpture, peinture, tapisserie, poterie) en une symphonie de gros plans orchestrée par le va-et-vient des pieds dans les escaliers de l'école. Ça s'agite, ça enregistre, mais ça ne bouge pas beaucoup. Alors, un an plus tard, Norman décide que c