Il y a un monstre dans The Host. Une sale bestiole gluante sortant affamée du fleuve Han, et évoquant un croisement entre le Marsupilami, pour son interminable queue servant de bras ou de fouet, et un vilain crapaud. Enorme succès au box-office local, le nouveau film du Coréen Bong Joon-ho n'est cependant pas un «film de monstre» habituel. Memories of Murder, son précédent long métrage, était un mélange de thriller et de chronique rurale racontant la poursuite infructueuse d'un tueur en série par quelques flics de campagne particulièrement incompétents. De même, The Host est tout autant une satire politique, un mélo familial, un plaidoyer écologiste ou une comédie, qu'un film de genre prenant d'étonnantes libertés avec les conventions hollywoodiennes.
«Décalage». «J'ai grandi avec le cinéma américain, expliqueBong Joon-ho, mais, vivant en Corée, ma réalité n'avait rien de commun avec celle que je voyais à l'écran. Ce décalage a nourri mon imaginaire. Comme une fêlure dans laquelle tout le réel coréen s'infiltre aujourd'hui dans mes films.»
Dans The Host, pas de héros sans peur ni reproche soudés dans l'adversité, mais une famille de petits commerçants à la ramasse passant son temps a se chamailler pour des broutilles. A Séoul, le père, veuf, tient, avec l'aide de l'aîné légèrement amoindri de la cafetière, une buvette sur les quais du fleuve Han. Sa plus grande fille est une championne de tir à l'arc qui rate toutes les compétitions im