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Libération
Critique

Ponfilly, fiction posthume

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«L'Etoile du soldat», film de guerre intimiste du documentariste disparu.
publié le 22 novembre 2006 à 0h10

Il y a la voix qui porte le film. Une voix off, que l'on ne reconnaît pas, abrupte, saccadée, peu régulière, insouciante du «bien dire». On l'associe immédiatement à tort à celle du cinéaste Christophe de Ponfilly, qui s'est tué le 16 mai. C'est celle de Philippe Caubère. Il y a la première image de l'Etoile du soldat : un homme avec un carnet, en haut d'une montagne afghane, qui apprend, en même temps que des milliards d'autres, les attentats du 11 Septembre. C'est un reporter, Vergos, journaliste français, jamais très loin de l'Afghanistan depuis près de vingt ans (le photographe Patrick Chauvel). Comme Ponfilly, qui signe là sa première oeuvre de fiction, avec laquelle, même absent, il fait corps.

On a peu l'habitude de voir des films de guerre aussi intimistes. Peu l'habitude aussi que le cinéma choisisse cette guerre, l'invasion de l'Afghanistan par l'URSS. Justement, nous voilà à Moscou, en 1984. Un jeune homme, Nikolaï (Sacha Bourdo), qui rêve d'être chanteur d'un groupe rock est enrôlé. Le voilà projeté dans un périple qui ne porte pas le nom de guerre, et où il s'agit de «libérer», contre son gré, un peuple de lui-même. De lui «injecter le poison de la guerre civile» dit la voix off. Filmer cette guerre de l'intérieur, c'est filmer le désoeuvrement des soldats, leurs jeux, leurs lents déplacements sur la rocaille des montagnes, et le calme, l'ennui, le froid, le doute, sans être jamais ennuyeux..

Ponfilly connaissait à la perfection ce qu'il filme