C'est l'événement de la 28e édition du Festival des trois continents de Nantes : une intégrale Satyajit Ray qui permet de revoir ses classiques, mais aussi de découvrir des films plus rares. En 1962, dix ans après avoir commencé le tournage de Pather Panchali (sorti en 1955), qui fit de lui le rénovateur du cinéma indien, Satyajit Ray (1921-1992) tourne Kanchenjungha, aujourd'hui encore méconnu sous nos latitudes. C'est pourtant une borne dans sa filmographie, premier film en couleurs et premier qui ne soit pas l'adaptation d'une oeuvre préexistante il est tiré d'un scénario original écrit par le cinéaste. L'action se déroule en 1962 dans le nord de l'Inde, à Darjeeling, face au Kanchenjungha, sommet himalayen de plus de 8 000 mètres d'altitude. Quasiment en temps réel, c'est-à-dire en un peu plus de cent minutes, un pater familias indien tyrannique et riche industriel, Indranath (Chhabi Biswas, l'acteur principal du Salon de musique), se promène et prépare le mariage de sa fille, Monisha, avec un ingénieur à l'avenir prometteur. Il se heurte à son entourage, notamment à son épouse. Rien ne se passera comme il l'entend.
Cavalier seul. C'est aussi à partir de ce long métrage atypique que Ray va systématiquement composer lui-même ses musiques (1). Le fait n'est ni banal ni anodin, tant il accordait d'importance à la musique en général (notamment occidentale, il adorait Bach, Mozart et Beethoven) et a son dialogue avec le cinéma. La