Thessalonique envoyé spécial
Le changement de direction du festival de Thessalonique, l'an dernier, a un temps fait craindre un chauvin repli vers la seule production grecque. En l'absence cruelle et totale de cinématographie hellénique exportable, l'opération aurait été un suicide commercial. Le port et ses salles de fret transformées en cinémas ont en fait continué cette année encore à faire passer des marchandises baltes, asiatiques (une rétro cinémas chinois de la cinquième génération, peu engageante), et pas mal de premiers et seconds films hésitants, mais qui, alignés les uns à la suite des autres, disent précisément avec quelle marge de manoeuvre industrielle travaille le world cinema.
Christ carbonisé. On se souviendra qu'en 2006 le bon film de la compétition aura été polonais : Z Odzysku (la traductrice s'est tirée sans nous en dire plus). La Pologne, c'est connu, est vraiment un des trois ou quatre endroits sur la planète où on se fend la gueule. Le film lui ressemble : dur comme du fer, noir comme du charbon. Son héros est un boxeur raté qui accepte un job véreux d'homme de main en vue d'obtenir des papiers pour sa copine ukrainienne. Qu'est-ce qui sauve un scénario aussi plombé de la noyade ? Son acteur et sa mise en scène. Economique, cette dernière est têtue et creuse un réalisme inquiet. Slawomir Fabicki ne lâche rien. Quant à l'acteur, le génial Antoni Pawlicki, c'est un b-boy de 19 ans portant en lui une aveugle douceur, une sorte de sourire de f