Bonitzer est le champion d'un genre assez français, la comédie lacanienne. Il y a une moitié en lui qui tient de Rohmer et Marivaux, l'autre de Kafka et de l'humour juif, s'abattant comme les tables de la Loi sur la tête de ses héros. On sait les machines qu'il a précisément agencées pour Rivette ou avec Ruiz. Mais lorsqu'il écrit pour lui, c'est comme si la dimension conspiratrice de ses scénarios assumait avec amusement leur paranoïa. Le rire bonitzerien vient de ce qu'un névropathe se pointe sur le devant de la scène et avoue sa névrose, bien décidé à n'en pas démordre, puisque c'est ça qui est bon, justement.
Hermann (Edouard Baer), publie le roman de Worms (Charles Berling), qui raconte sa vie avec Diane (Géraldine Pailhas), son ex-compagne, désormais celle d'Hermann. Comme si ce n'était pas assez chassé, il faut en plus croiser une revenante, Anne (Marina de Van), ex d'Hermann, devenue femme d'Antoine, son psychiatre (Hippolyte Girardot). Passant par là, Worms prend une photo d'Anne avec Hermann sur son portable, qu'il transmet illico et en douce à Diane. Laquelle se prend de mépris pour Hermann.
Comme dans Rien sur Robert, le héros devra expier une faute fictive à la place de sa faute réelle. Et comme dans ce même film, on trouve un intello parisien usagé de la vie et souffrant du père, incarné par un rival amoureux le surplombant symboliquement (un écrivain) et deux femmes folles dont les désirs se liguent contre lui. Antoine indique crûment ce schéma psychanaly