Portland envoyé spécial
Calme et effacé, immobile, peu loquace, Gus Van Sant semble en retrait au milieu des membres de son équipe de tournage. Autour de lui, son premier assistant s'agite, court d'une personne à l'autre en donnant des instructions. Et le directeur de la photo, l'Australien Chris Doyle, qui a travaillé sur les derniers films de Wong Kar-wai, déambule entre les prises, en prenant des photos. Ce 10 novembre, Van Sant termine de mettre en boîte son nouveau film, Paranoid Park, dans un lycée de la banlieue de Portland (Oregon). Il renoue avec un décor qui rappelle celui d'Elephant, film pour lequel il a reçu la palme d'or du Festival de Cannes en 2003 : les mêmes longs couloirs, le réfectoire, le terrain de sport. Pourtant, il se défend de toute similitude entre les deux films : «C'est un même cadre, mais des situations différentes.» Paranoid Park, dont la sortie est prévue entre mai et octobre 2007, raconte l'histoire d'un lycéen passionné de skateboard qui provoque la mort d'un contrôleur en le poussant accidentellement sur les rails au moment où un train arrive. Le film est directement adapté d'un roman portant le même titre, sorti en septembre aux Etats-Unis. L'auteur, Blake Nelson, 42 ans, se trouve ce jour-là sur le tournage «pour voir les choses et rencontrer les gosses». Il décrit son roman comme un «Crime et châtiment sur skateboard». Le héros se sent «terriblement coupable et opprimé dans son cerveau, dit