Après le film surprise de l'été, Angel-A, Luc Besson frappe une seconde fois à la porte des sorties 2006 avec Arthur et les Minimoys, annoncé comme sa possible dernière réalisation. Ce serait, s'il s'y tient, son dixième long métrage depuis le Dernier Combat (1983). En vingt-trois ans, le jeune homme ruant dans les brancards de l'establishment du cinéma français est devenu à son tour un producteur-distributeur puissant, probablement plus craint que véritablement respecté, à la tête de sa boîte EuropaCorp. Autant la politique de production de Besson restera comme l'une des plus calamiteuse de l'époque avec des crétineries néobeaufs comme Taxi ou Fanfan la Tulipe, autant sa filmo propre est marqué du sceau de l'originalité.
Peu de ses films ont trouvé grâce aux yeux des cinéphiles, mais il a réussi là où son exact contemporain et cousin esthétique Jean-Jacques Beinex a échoué. La patte Besson est fortement marquée par une esthétique émergente dans les années 80, empruntant à l'univers du clip et de la pub, avec ses dominantes bleutées ou son chromatisme saturé, son glamour de récupération croisant les fantasmes hollywoodiens et la bande dessinée. Mais, quand Beinex se pète la gueule avec la Lune dans le caniveau par excès de poses littéraires et d'emprunts au réalisme poétique, Besson flaire l'humeur naissante du nouveau monde, celui qui va devenir virtuel, adolescent et suicidaire, cherchant l'immersion à corps perdu dans un bain amnio