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Libération

PPP, «Passages» obligés

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publié le 29 novembre 2006 à 0h16

Lorsqu'on emprunte un «passage», il y flotte toujours la promesse qu'il débouchera peut-être sur l'inconnu. En empruntant à tort et à travers les Passages pasoliniens (1) tracés par René Schérer et Giorgio Passerone, ça n'a pas loupé. Pensant se promener dans le dédale de l'oeuvre pasolinienne, ses ruelles obscures, ses lacis clandestins, on ricoche tout à coup sur une citation de Michel Foucault qui pourrait être à la fois la description et le décryptage de notre situation politique concrète d'aujourd'hui : «Si le pouvoir est fort, c'est qu'il produit des effets positifs au niveau du désir»...

Les grandes villes comme les grandes oeuvres, même lorsqu'on croit bien les connaître, ont pour point commun ces passages dont l'un des principes est de nous instruire (raccourci, fonctionnalité, efficacité) en nous désorientant. Un «bon» passage est celui au bout duquel on se dit «bon sang, je me retrouve là !», celui qui nous fait connecter mentalement des plans que l'on ne savait pas juxtaposés, comme de pauvres petits Proust plastronnant de relier enfin le côté de Guermantes et celui de chez Swann.

C'est d'abord au «passage» dont Walter Benjamin avait fait un certain symbole du capitalisme urbain que ce livre d'origine universitaire mais d'accès facile fait référence : leur effet de traverse se prêtant remarquablement à une oeuvre tentaculaire, comme on le dit, justement, d'une ville. Tentons d'en dégager trois pôles, au risque de simplifier. Le premier e