Depuis A tombeau ouvert en 1999, chaque Scorsese est à la fois commenté pour lui-même mais aussi, de manière plus diffuse, pour des enjeux qui le dépassent : la survie d'un auteur, au sens «nouvel Hollywood» du terme, au sein de l'industrie américaine du divertissement qui a vu l'effondrement de l'utopie seventies. Un «petit» film comme les Infiltrés, qui aurait pu être un modèle de série B, semble condamné dans ce cadre à enfler jusqu'à devenir un nouveau film-monstre, dont l'affiche n'est rien moins qu'un pur fantasme de casting director : DiCaprio + Damon + Nicholson + Wahlberg (que son coiffeur se dénonce) et, pour les spécialistes, Martin Sheen et Alec Baldwin. N'en jetez plus.
Obsessions. En 2002, après un tournage tourmenté, Gang of New York était sorti comme le dernier projet total récapitulant les obsessions de Scorsese sous le haut patronage du Griffith de Naissance d'une nation.Aviator pouvait ensuite se voir comme la démonstration de sa capacité à boucler, dans les temps et le budget, un biopic wellesien. Pour les Infiltrés, nouveau son de cloche, le cinéaste a annoncé qu'il s'agissait de son dernier gros budget et qu'il allait revenir à des films plus proches de l'esprit indé de ses débuts. On apprenait dans le même temps qu'il signait un juteux contrat de quatre ans avec la Paramount, qui a payé 8 millions de dollars pour que le cinéaste lui propose des idées pour le cinéma ou la télé. Sauf surprise de tail