Le dossier de presse de Je pense à vous comporte dix pages outrecuidantes d'entretien avec Pascal Bonitzer. Et rien sur les autres pas même Robert. Bafouant l'usage, les acteurs n'ont droit à aucune bribe biographique, ou filmographique. Réalisateur absolu, en apparence, Bonitzer a pourtant trouvé l'âme soeur ponctuelle en la personne de Marina de Van, dont le nom figure pas moins de quatre fois au générique : scénario, adaptation et dialogues, (avec le boss) et actrice, dans le rôle d'Anne. Celle qui va déclencher le tsunami, irréprochable dès sa première apparition, ectoplasmique, justement : assise dans un cimetière, sur le bord d'une tombe, elle est en train de manger un gâteau au chocolat, quand survient son ex (Edouard Baer). Clair et net : Marina de Van est aussi une actrice d'envergure. Reste à faire passer le message.
Exprimée samedi dernier, dans la cacophonie d'un café moderne du parvis de Beaubourg, la mutation est en cours chez celle qui a longtemps épaulé François Ozon (Sous le sable, Huit Femmes) : «Chaque expérience se fonde sur le goût de la rencontre et de l'échange intellectuel. Mais écrire pour autrui est forcément moins important, puisque ça n'est pas quelque chose qui vous constitue, ni vous touche ni vous déstabilise. J'apporte de l'intelligence, de l'imagination, de la sensibilité, mais sur une base qui n'a rien de personnellement névralgique, car, en définitive, seul le réalisateur doit se reconnaître dans son film.» Conc