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Libération
Critique

Verhoeven dans l'Europe nazie

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Le réalisateur quitte Hollywood pour plonger dans l'occupation des Pays-Bas, son pays natal.
publié le 29 novembre 2006 à 0h16

Le Hollandais violent est de retour au pays et à la réalité. Après vingt ans d'exil plus ou moins doré à Hollywood, Paul Verhoeven a laissé tomber les garces blondes, les insectes extraterrestres et les hommes invisibles pervers pour filmer dans ses Pays-Bas natals un projet qui lui tenait à coeur depuis deux décennies. Après Soldier of Orange (1977), sans doute le meilleur film de sa période néerlandaise, il plonge à nouveau dans la période barbare de l'occupation allemande via le destin tragique d'une jeune chanteuse juive devenue espionne presque malgré elle et qui voit tous ceux qu'elle aime mourir dans les circonstances les plus atroces, sinon absurdes.

Mais, alors que Soldier of Orange donnait une image souvent héroïque de la résistance hollandaise au nazisme, Black Book se penche sur sa face cachée, nettement plus sombre, faite de petites lâchetés, grosses crapuleries et trahisons fatales. Verhoeven évacue très vite (trop vite, c'est d'ailleurs la limite du film) les répercussions politiques de ce théâtre de faux-semblants permanents pour n'en retenir que ses potentialités dramatiques. Et ça marche : Black Book se révèle un récit d'aventures historiques des plus classiques, mais aussi des plus brillants, où rebondissements souvent imprévisibles et morceaux de bravoure se succèdent pendant près de deux heures et demie. La chasse à l'homme le long des canaux d'Amsterdam ou l'évasion dans les sous-sols de la Gestapo montrent que Verhoeven n'a p